Artists in the boudoir
Posté par Miriam dans Non classé le 28 janvier 2007  à  13 h 38 min


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Laissons ici Monsieur Trousson et remercions-le poliment pour son cours ex-cathedra.

Venons-en à ce que recouvre actuellement le terme « libertin » et commençons par les définitions du dictionnaire : qui ne suit pas les lois de la religion, soit pour la croyance, soit pour la pratique ou qui s’adonne sans retenue aux plaisirs charnels, avec un certain raffinement (c’est moi qui souligne). Première constatation : il semblerait que Le Robert et Monsieur Trousson soient d’accord dans les grandes lignes.

Mais leur acception, aussi juste et précise soit-elle, rejoint-elle certain usage courant ? Pour fréquenter quelquefois, par corvée, le petit monde de l’érotisme, je crois pouvoir affirmer que non. Je constate tout d’abord un glissement dans la nature du mot : ce n’est plus tant le substantif que l’on emploie couramment, mais l’adjectif. Aussi n’entend-t-on pas « je suis un libertin » mais « je suis libertin » ou plutôt « nous sommes un couple libertin ». La presse prend d’ailleurs le relais de plus en plus fréquemment, y allant de son petit couplet tendance avec les soirées et revues libertines, ou autres clubs libertins. Ce que j’y vois, c’est une utilisation abusive, en tant que synonyme, de « libertin » pour « échangiste »; ce dernier terme étant particulièrement péjoratif, il a bien fallu lui substituer un mot moins vulgaire. Je trouve infiniment regrettable de galvauder ainsi la langue française, d’amalgamer Laclos et les partouzes glauques qui se déroulent dans les clubs et de méconnaître à ce point les plus élémentaires notions de vocabulaire. S’il est bien un élément qui soit toujours absent dans le milieu dit « libertin », c’est le raffinement. Je n’y ai trouvé, pour ma part, que banalités mille fois répétées, sous-vêtements achetés au rabais, gestes platement obscènes, ambiance musicale sirupeuse et pornographie exhibitionniste. Il est inutile, dans ces conditions, de tenter la moindre conversation sur la littérature comparée, l’étymologie ou l’histoire du cinéma. Tout se limite à des « je n’ai aucun tabou », « je suis pour l’amour libre » ou, comble de l’originalité, « j’aime donner et recevoir du plaisir ». C’est risible, surtout si l’on considère que, chez ces messieurs, l’absence de tabou et la liberté auto-proclamées se limitent à la satisfaction de pulsions sexuelles on ne peut plus banales – et excluant bien évidemment toute stratégie, autre que celle visant à atteindre l’orgasme physique. Il n’est bien sûr pas question que Madame se rende seule au club (ce qui vaut, théoriquement du moins, pour Monsieuraussi); ni qu’elle explore ses fantasmes de son côté, quand elle n’est pas cantonnée, de facto, à des relations homosexuelles pour assouvir le voyeurisme de son partenaire. Tout cela est d’une simplicité affligeante, repérable en deux coups de cuiller à pot, et c’est, à mon avis, jeter des perles aux cochons que de tenter de faire entrer quelque lumière dans l’obscure cervelle des soi-disant « libertins » de notre temps.

Il en va tout autrement de celles et de ceux, curieux de nature, non-conformistes par choix argumenté et dont les recherches spirituelles et philosophiques visent à l’autodétermination, qui nous feraient l’honneur de visiter le blog d’Artists in the Boudoir et de lire la présente note. C’est avec un réel plaisir que je l’ai rédigée, à leur intention et du mieux que j’ai pu, afin de partager le peu que je sache.

A bientôt,

miriam.


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