Artists in the boudoir
Posté par Miriam dans Non classé le 2 mars 2007  à  18 h 12 min


Bonjour à toutes et tous.

Rassurez-vous, il n’est pas dans mon intention d’aborder l’éternelle question de la différence entre pornographie et érotisme. Mieux vaut laisser ce périlleux exercice aux historiens de l’art, qui s’entendent mieux que quiconque à établir des distinctions et à coller de splendides étiquettes aux artistes.

C’est en pleine lecture de l’excellente Anthologie Érotique de la Censure de Bernard Joubert (voir ici une interview réalisée par Laurent Courau), que, entre rire et consternation, je m’interroge soudain sur ce qui peut en faire bondir certains, dès qu’il s’agit de sexualité. Les réactions grotesques et les jugements arbitraires des membres de la Commission de Surveillance prouvent au moins une chose : le sexe, ce n’est pas une thématique comme les autres. Mais enfin, pourquoi ?

Je ne suis certainement pas la seule à me poser la question. J’en veux pour preuve le dossier spécial paru dans Philosophie Magazine n°7, intitulé Sexe et Morale, une nouvelle approche et puisant, entre autres, aux sources de l’incontournable Michel Foucault. En introduction, Suzi Vieira évoque pêle-mêle la célèbre Affaire Spannerl’inculpation d’Henri-Claude Cousseau, ancien Directeur des Musées de Bordeaux, suite à l’exposition Présumés innocents. L’art contemporain et l’enfance ou la Campagne Marithé et François Girbaud reprenant La Cène de Léonard de Vinci. Je pourrais ajouter le scandale plus récent provoqué à Nice par l’expositionCollections privées Collections Publiques, de l’artiste Gilles Traquini à la Galerie Helenbeck. Ou, chez nos prudents voisins britanniques, la future exposition Seduced. Art & Sex from Antiquity to now, qui se tiendra dès le 12 octobre prochain à la Barbican Artgallery de Londres, et pour laquelle la directrice a pris les devants : l’entrée en sera interdite, pour la toute première fois, aux visiteurs (-euses) de moins de 18 ans. Mais où va-t-on, me demandé-je, alors que j’ai acquis hier, à la Foire du Livre, un catalogue raisonné de l’oeuvre gravé de Louis Legrand, édité par le Musée Rops de Namur, et le n°12 de la revue Les Amis de l’Ardenne, titrant en couverture d’un Eros – Hérouard magnifiquement et très explicitement illustré (est-il nécessaire de rappeler que ladite Foire est bien sûr ouverte à tous, ce et y compris aux enfants…) ?

Les limites, une fois de plus, sont mouvantes et sujettes à interprétation, sur base de critères hautement subjectifs. Jean-Jacques Pauvert, bien avant moi, s’est penché sur le problème de la valeur d’usage qui détermine qu’une oeuvre soit ou non rangée dans la production ditepornographique.

Ce qui m’inquiète profondément, c’est que, comme le souligne le dossier de Philosophie Magazine, l’on assiste à une criminalisation croissante de la sexualité. Avec, pour corollaire, non plus l’application de valeurs morales transcendantes (assimilées à une censure incompatible avec la sacro-sainte liberté d’expression), mais la mise en place, insidieuse et incontrôlable, de nouvelles normes sexuelles qui ne sont pas sans rappeler, à mon humble avis, certain eugénisme teuton de triste mémoire. L’on n’en est pas encore à déterminer detype sexuel sain.

Mais qui sait de quoi demain pourrait être fait ?

A bientôt,

miriam.




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Dernière modification effectuée le 21 Juin 2010